Il y a des femmes pour qui c'est plus facile, qui n'ont pas ou peu de symptômes, voir même un petit glow naturel à m'en faire frémir de jalousie, merci la vie, merci pour elles.
Mais il y a aussi de nombreuses femmes pour qui ces premiers mois sont longs et terriblement difficiles, pour qui l'image édulcorée de la maternité et du bonheur absolu est ébranlée par l'entrée fracassante dans le premier trimestre de leur grossesse.
Je fais partie de ces femmes.
À chaque fois, pour toutes mes grossesses, j'ai toujours vécu les mêmes choses, voir même de plus en plus intensément pour chaque nouvelle grossesse, qu'elles soient allées à terme ou non. Car c'est de ça dont on parle aussi.
Lenteur infinie des premiers mois de grossesse
Ce qui me vient immédiatement, c'est que c'est long. C'est long, les jours où la fatigue nous terrasse dès le réveil jusqu'au moment où l'on peut enfin aller se recoucher. C'est long, les semaines où les nausées prennent toute la place, en continu, nausées, vomissements, nausées, tous les jours pendant plusieurs mois, sans jamais laisser de répit. C'est long, les mois d'attente à se demander si cette graine, ce petit bébé en devenir va bien s'accrocher. C'est long, quand on dit de se protéger alors qu'on se projette instantanément. C'est long 3 mois de crainte à l'idée de découvrir la moindre goutte de sang dans sa culotte, à chaque passage aux toilettes. C'est long quand on a perdu l'insouciance de croire qu'une grossesse est toujours acquise.
C'est long de pouvoir se connecter à son bébé dans cet environnement-là, quand on est malade, quand on est fatiguée, quand on n'a plus envie de rien, quand ça ne se voit pas encore, quand on a peur que tout s'arrête. C'est long, cette attente interminable de l'échographie du premier trimestre qui apparaît comme le pass officiel vers une grossesse confirmée, comme si tout ce que nous vivions là, à cet instant n'existait pas.
C'est long, c'est difficile, c'est même parfois décourageant de savoir qu'il nous reste encore plusieurs semaines, plusieurs mois dans cet état. On peut se sentir submergée de tristesse. Et si, en plus, on vivait tout ça "pour rien"... On peut ressentir une frustration immense, une profonde injustice. C'est si épuisant de se sentir malade, inapte, emprisonnée dans ce corps aspiré de toute énergie.
Long... et gardé sagement secret de tous !
Grossesse : trois mois sous silence
Pourquoi aujourd'hui dans notre société, ne reconnait-on pas la grossesse en tant que telle dès le premier trimestre ? Je vous pose cette question car je me la pose vraiment, à moi qui suis femme, mère, mais aussi sœur, amie, belle-sœur, cousine... de futures mamans qui vivent ou ont vécu ce fameux premier trimestre de grossesse comme une période si difficile à naviguer entre tous ces "petits" maux qui n'ont rien de petits !
Pourquoi rien n’existe pour soutenir cette étape qui est la plus dure de toute la grossesse pour un grand nombre de femmes ?
Pourquoi ne nous permettons pas de vivre et d’éprouver pleinement cette entrée bouleversante dans la maternité ?
Aux yeux de tous, le premier trimestre n’existe pas, peu d’accompagnements,
peu de moyens avant les 3 mois, qu’ils soient physiques, psychologiques
ou émotionnels.
Encore aucun vrai remède, aucun traitement pharmaceutique contre tous ces maux, pas de mains tendues quand on vomit aux toilettes du travail ou quand on dort dans la voiture sur le parking, pas de mains tendues car on ne doit pas le dire. Pas de dispositif RH non plus, pas d’aménagement de temps et de conditions de travail, pas de télétravail pour soulager tout en permettant de maintenir une activité professionnelle par exemple, pas de prise en charge financière en cas d’arrêt de travail avant la déclaration de grossesse (déclaration qui se fait évidemment à partir du 3ème mois de grossesse), toujours et encore des jours de carence sans indemnités. Et encore l'année dernière, une femme qui subissait un arrêt de grossesse, n'avait rien, rien du tout.*
Douze longues semaines, trois longs mois, soit un tiers de la grossesse
rendu invisible ! Ça paraît fou non ?
Enceinte, légitime et reconnue dès le début
On a le droit d’être reconnue légitime et enceinte dès le début de notre grossesse car c’est bien le cas, quoiqu’il arrive nous sommes enceintes, cet embryon existe et on doit pouvoir se sentir libre d’en parler à qui nous le souhaitons et quand nous le souhaitons, à la maison, en famille, entre amis, au travail, à des professionnels de santé ou des professionnels de la périnatalité.
Il n’y a pas de règles, on peut garder le secret rien que pour soi, dans l’intimité de son couple et de son cocon pendant ces premiers mois. C’est ce que j’ai fait, à chaque fois, et lorsque mes grossesses se sont arrêtées, je n’ai rien dis non plus car je ne voulais pas dévoiler notre envie intime de faire un bébé, je voulais que la surprise soit totale pour une joie plus grande. Joie payée de son prix fort quand il faut vivre tout ça dans la solitude, le secret et la non prise en compte.
Mais vous avez aussi le droit de le crier à la Terre entière si vous en avez envie !
Il faut arrêter d’imposer. Vous avez le droit de l'annoncer "tôt", vous confier, partager, avoir des personnes ressources avec qui rire, pleurer ou juste parler, des personnes qui prennent soin de vous, qui vous nourrissent, qui vous aiment et qui vous soutiennent. Ne vous privez pas de le dire par peur que cette grossesse s’arrête, par peur de blesser ou de décevoir, car vous avez le droit de parler là maintenant, au présent, c'est là. Il est temps que le monde s’éveille et entoure les femmes dans tout ce qu’elles traversent. La fausse couche existe, 1 femme enceinte sur 4 subit une grossesse arrêtée et nous devrions les accompagner au lieu de les invisibiliser. Le premier trimestre existe lui aussi quoiqu’il se passe, les femmes le vivent dans leur corps et dans leur cœur alors j'ai envie de vous soufflez dans l'oreille que la "règle des 3 mois" n'a que l'importance que vous lui accorderez.
Ce fameux premier trimestre de grossesse est l’un des plus transformateurs, bouleversants et duquel on ne revient jamais plus comme avant alors honorons-le, ancrons-le dans la conscience de chacun et parlons-en ! Célébrons les femmes ! La grossesse dure 9 mois, pas 6.
Je vous vois. Et je vous reconnais dans ce que vous êtes en train de vivre…
Barbara ♡
*Depuis le 1er janvier 2024, en cas d’interruption spontanée de grossesse (dite "fausse couche"), il est possible de bénéficier d’un arrêt de travail pour maladie sans application du délai de carence grâce à la loi n° 2023-567 du 7 juillet 2023.
À propos de l'auteur :
Bonjour à toutes et tous ! Je suis Barbara, l'esprit créatif derrière JOLIE SÉZON. Sur ce blog, je vous plonge dans des sujets précieux autour de la grossesse, de l'accouchement, du post-partum et de l'allaitement. D'abord issue d'un milieu artistique, j'ai finalement embrassé une nouvelle mission : celle de créer un univers pour informer, transmettre et prendre soin des femmes, des mères et des couples grâce à une approche non-médicale et plus globale de la naissance pour une maternité libre, éclairée et choyée. C'est en 2023 que je décide de me former à l'école Quantik Doula, auprès de Karine Langlois et Mélanie Loup, pour devenir Doula à large spectre, avec un accent tout particulier pour la maternité : grossesse, enfantement et postnatal mais aussi pour les cycles menstruels, la sexualité, la fertilité, la ménopause et le deuil. Ma plus grande inspiration reste, à tous les niveaux, celle de ma maternité avec ses blessures et ses joies immenses. Bienvenue dans l'univers de Jolie Sézon !
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Crédit photo : Barbara Guyomard Dubois - Saltandearth Photography - Pauline F. Photography